Anecdotes généalogiques, par P-A CATHIGNOL

Anecdotes diverses rencontrées lors de mes recherches généalogiques

posté le 21-04-2014 à 13:02:06

1. Anecdotes auvergnates (1)

Note : ce blog a d'abord paru dans un autre de mes blogs généalogiques, avant d'être isolé ici ; lire :

http://cathignol.vefblog.net

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Tout généalogiste a des centaines d'anecdotes, tragiques ou comiques, à raconter.

Personnellement, je n'ai sans doute pas passé une journée de recherche généalogique sans trouver des choses étonnantes, étranges. Dommage, je ne les ai pas notées.

Mais il n'est pas trop tard pour bien faire, comme on dit, et voici donc quelques anecdotes généalogiques. Je compte en rajouter de temps à autre, à l'occasion.

Mon anecdote N°1 sera souriante, pour commencer la série.

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1) Le mystérieux prénom "Harnée"

En feuilletant un de mes cahiers sur la commune d'Égliseneuve-d'Entraigues, je suis tombé sur le mariage d'une certaine "Harnée GELLY".

Cette jeune fille épousait un membre de ma famille, et c'est pourquoi j'avais noté ce mariage.

Je ne retrouve pas l'acte aujourd'hui, mais peu importe, je me souviens que ça s'était passé au début du XIX° siècle.

À mes débuts, je ne connaissais pas du tout ce prénom auvergnat et, évidemment, je l'ai cherché dans mes dictionnaires de prénoms, mais en vain.

Je l'avais souvent vu aussi sur les Registres Paroissiaux (l'état civil officiel d'avant 1793) de cette même paroisse d'Égliseneuve-d'Entraigues. Il était en général écrit "Arnée", mais cela ne m'avançait guère.

Jusqu'au jour où je découvris, dans ma famille locale, l'acte de baptême d'une nouveau-née prénommée "Arnée" et ayant une marraine prénommée "Renée".

Ça rimait, me dis-je. Mais je n'avais encore rien compris ! L

Jusqu'au jour où un prêtre un peu plus bavard que les autres parla de "La Renée" !

Cette fois, ça y était ! J'avais compris : "La Renée" nous donne "La R'née" puis "L'Arnée", d'où le prénom auvergnat "Arnée", disponible aussi avec un "H", pour le même prix. J

Ah vraiment, mdr, comme disent les jeunes d'aujourd'hui ! J

Vous avez "pigé", vous aussi, j'espère !! J

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2) Blanche LENÈGRE

Sa courte vie mérite d’être racontée.

13ème enfant de mes ancêtres Jean LENÈGRE et Antoinette GAYME, elle ne fut pas baptisée "Jean" comme la plupart de ses frères (les 2ème, 3ème, 4ème et 15ème enfants), car… c’était une fille ! J

Mais, bien plus étonnant, son véritable prénom nous demeure encore aujourd’hui inconnu.

Ça fait partie des grandes énigmes de l’Histoire de France, à mettre sur le même plan que celle de l’identité du porteur du "Masque de Fer" ! J

Née et baptisée à Égliseneuve-d'Entraigues le 12 avril 1791 dans un acte qu’aucun prêtre ne signa (tous les autres actes de la page étant signés « LENÈGRE, vicaire » ! J), cette enfant possède un blanc à la place de son prénom ! Et idem pour le prénom de la marraine !

Elle passa sa courte vie au hameau de "Bost de Village", où vivaient ses parents et sa nombreuse famille, et monta au Ciel le 15 août de la même année, « âgée d’environ quatre mois » (ce qui est exact, pour une fois), mais toujours avec un blanc à la place de son prénom ! Et cette fois, Mr le vicaire LENÈGRE a signé !

Drôle d’histoire quand même, et quel mépris pour ma famille. L

Alors moi, je l’ai rebaptisée « Blanche LENÈGRE », c’est ainsi qu’elle figure sur mes fichiers généalogiques !

On me dira bien que ce n’est pas un prénom auvergnat mais je ne pouvais pas la rebaptiser "Arnée", car on eût alors pu la confondre avec l’une de ses sœurs aînées ! J

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3) Un remariage contesté

Paroisse de Chastreix, hameau de Reboisson, le 18 juin 1739 : décès de Marie GATINIOL, épouse d’Antoine MANARANCHE. L’âge de la défunte n’est pas précisé, le curé de Chastreix de l’époque s’en foutant éperdument.

Mais voilà que, plus de 5 ans après, Antoine MANARANCHE décide de se remarier. Avec une jeune fille du même hameau, Jeanne MOUTY, fille de feu Guillaume et de défunte Jeanne MOUTY.

Tout le monde est laboureur et ce mariage ne devrait pas poser de problème, sauf que…

Sauf que… Antoine MANARANCHE est « âgé d’entour 65 ans » et Jeanne MOUTY est « âgée d’entour 25 ans ».

Oui, ça fait une grosse différence d’âge.

Et ça n’a pas plu à certains membres de la famille GATINIOL et pas non plus à certains membres de la famille MANARANCHE.

Et ils vont tenter de s’opposer à ce mariage, qui aura pourtant lieu, à Chastreix le jeudi 28 janvier 1745.

C’est écrit dans l’acte et je n’ai vu cela qu’une seule fois depuis bien des années que je fais de la généalogie.

Voici un extrait de cet acte de mariage.

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« après […] la dispense […] obtenue sur le département de l’opposition formée par Françoise GATINIOL reçue par MOULIN notaire royal en date du 26 du présent comme aussi la sentence de la primauté de Bourges portant mainlevée de l’opposition faite sur ce mariage par Sébastien MANARANCHE et l’acte instrumentaire fait à Mr le curé de cette paroisse par MOULIN notaire royal en date du 26 du présent »

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Bref, c’est pas la joie, et les relations familiales à venir risquent d’être tendues ! L

(même si un certain Pierre MOUTY et un certain Pierre GATINIOL furent témoins au mariage)

C’est pourquoi Antoine et Jeanne vont s’en créer une, de famille.

Cinq enfants vont en effet naître de cette union :

A) Catherine MANARANCHE, née le 28 décembre de cette même année 1745.

À noter que le parrain fut Guillaume MANARANCHE, très probablement demi-frère aîné de la nouveau-née, vu que la marraine se nomme Catherine GARDETTE et que, le 18 février 1738 à Chastreix, avait eu lieu le mariage d’une certaine Catherine GARDETTE avec « Guillaume MANARANCHE, fils d’Antoine et de Marie GATINIOL ».

Donc : probablement fils et bru d’Antoine MANARANCHE comme parrain et marraine.

À noter que la marraine n’est pas de la famille de Jeanne MOUTY. Mais ça pouvait arriver quand un couple était parrain et marraine.

Petite anecdote : aux Archives Départementales du Puy-de-Dôme, j’ai connu un monsieur très gentil descendant de ce couple MANARANCHE-GARDETTE, couple qui eut au moins 9 enfants. Ce monsieur, cousin éloigné à moi donc, s’endormait souvent l’après-midi et ronflait bruyamment. J

B) Thérèse MANARANCHE, née le 20 juin 1747. Le parrain est un membre de la famille MOUTY, prénommé Antoine.

C) Françoise MANARANCHE, née le 27 juillet 1748.

D) Françoise MANARENCHE, née le 26 août 1749.

E) Marie MANARANCHE, née le 25 novembre 1750, enfant posthume, son père étant décédé le 13 mars, « âgé d’entour 70 ans ».

On remarque que ce couple n’a eu que des filles.

Cinq filles en moins de cinq ans, je n’ai jamais vu ça ailleurs.

J’ai essayé de retrouver la naissance de Jeanne MOUTY et celle de son époux, pour voir leur exacte différence d’âge.

Mais je n’ai même pas pu trouver la naissance de Jeanne, à cause des nombreuses années lacuneuses (ou lacunaires, comme on veut) sur Chastreix.

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Autrement, comme tentative d’opposition à un mariage, voici ce que j’ai trouvé de plus rapprochant, dans une autre région, et hors de ma famille :

Une mère qui avait consenti au mariage de sa fille majeure alors qu’elle le désapprouvait totalement, mais qui ne voulait pas ajouter sa propre malédiction sur ce mariage, ce qui l’eût encore aggravé, selon elle.

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Pour en revenir au mariage de Chastreix, j’en apprendrais sans doute en lisant les actes notariaux qui sont cités.

Je ne l’ai pas fait car le notaire de cette région fut le dernier du Puy-de-Dôme à enfin obéir aux lois et à déposer ses anciennes minutes aux Archives Départementales du Puy-de-Dôme.

Il a fallu qu’arrive le très dynamique Mr Henri HOURS à la tête de ces A.D., très bien à tous points de vue, pour que les notaires récalcitrants du Puy-de-Dôme obéissent enfin à la loi.

N’étant pas allé aux A.D. du Puy-de-Dôme depuis l’an 2000, je n’ai pas encore eu l’occasion de lire ces actes notariaux (ou notariés, comme on veut).

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4) Relevé paroisse de Chastreix (Puy-de-Dôme)

[microfilm 3E 98/2, vue 114, page de droite, tout au bas]

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L’an 1847 et le 1er mars ont été baptisés Jean et autre Jean, enfants jumeaux nés le jour précédent, fils légitimes de Géraud SEPCHAT et de Légère SEPCHAT son épouse, laboureurs habitants de cette paroisse.

[Les parrains et marraines furent] Jean et autre Jean SEPCHAT, Jeanne SEPCHAT et Françoise TOURNADRE, tous du même état, sur cette [paroisse, qui ont] déclaré ne savoir signer de ce interpellés suivant l’ordonnance.

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Note : ci-dessus j’ai mis entre crochets les parties du texte sous-entendues et non rédigées par Messire TOURNADRE, vicaire.

Commentaires : ça sera facile, pour les distinguer, nos deux jumeaux, n’est-ce pas ? J J

L’histoire ne dit pas s’il s’agit de jumeaux homozygotes ou hétérozygotes ni si les parrains sont jumeaux, eux aussi. J

À noter encore que les époux portaient le même nom de famille, mais ça, c’est assez fréquent, partout en France (et je ne parle pas de la Corée du Sud où tout le monde, ou presque, s’appelle KIM).

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5) Registre des sépultures de Chastreix, 1er janvier 1759

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Monsieur BUCHE peut bien ajouter une feuille de plus cette année car un grand nombre mourant de faim, c’est évident.

(signé) Joseph LADEVIE, curé

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Phrase terrible qui nous montre à quel point peuvent être égoïstes certains Français d’aujourd’hui (2015), qui nous font chaque année des kilomètres de bouchons pour aller aux sports d’hiver, et osent se plaindre au retour de « la perte de leur pouvoir d’achat » !

Voici un autre exemple (plus ancien) de cette terrible réalité de personnes mourant de faim, que connaissaient bien les curés, toujours à Chastreix :

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Le 20 avril 1694 est morte de faim dans le bois de Vigier Antonia FERREYROL de Chomet, inhumée le 21 en présence de […]

(signé) GENESTOUX, curé

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6) Sépultures à Chastreix

[collection départementale : 6E98/2]

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L’an 1768 et le 12 avril a été enterré dans le cimetière de cette paroisse décédé le jour précédent dans cette paroisse en présence de Léger et François SEPCHAT qui n’ont su signer.

(signé) : GARDETTE, vicaire.

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Mon commentaire :

Les nom et prénom du défunt, s’il vous plaît (et si ce n'est pas trop vous demander), Messire GARDETTE ?

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7) Les "H" après les "T"

Ah, les "H" après les "T" ! Je vous avais dit que j’en avais trouvé jusque dans la THABLE DES MATIÈRES ! J

Voici maintenant que le curé de Chastreix, un dénommé FOURIS, vient de citer quatre THÉMOINS à l’occasion d’un mariage le jeudi 4 août 1775 ! J

Il faut dire qu’ils ont eu du boulot, les THÉMOINS en question : assister à un mariage et reconnaître l’enfant des époux, une petite Jeanne née deux semaines avant. L

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8) Terrible fin

Voici maintenant, à Chastreix toujours, un décès terrible d'une (jeune ?) fille, handicapée mentale, semble-t-il :

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L'an 1771 et le 18 du mois de mai, la tête d'une fille étrangère avec des ossements avec un habit couleur de vin, une jupe de toile grosse, a été trouvée dans la montagne du Mont et a été enterrée le même jour dans le cimetière de cette paroisse [...] Plusieurs disent que cette fille doit être l'imbécile qui avait passé ici dans le mois de novembre.

(signé) : FOURIS, curé

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Commentaire : La "Montagne du Mont" est un lieu semble-t-il inhabité, une forêt qui s'étend sur environ 1 km de long sur les pentes du Puy de Sancy, à deux et trois kilomètres du sommet.

Comme dans l'anecdote N°5 ci-dessus, même si on n'a pas de détails et qu'on ne peut faire que des suppositions, on peut imaginer un très long calvaire avant que ne survienne la mort, dans la solitude extrême et le froid glacial des nuits en montagne.

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9) La mystérieuse et douloureuse disparition des "MATHEUF" 

Selon le site http://www.genealogie.com/nom-de-famille/MATHEUF.html il n’est plus né de MATHEUF en France après 1915.

Et seulement trois, tous en région parisienne, entre 1891 et 1915.

Or c’était un patronyme très fréquent autrefois à Égliseneuve-d’Entraigues jusqu’au 19ème siècle inclus, et j’ai moi-même deux familles "MATHEUF" dans mes ancêtres auvergnats. J’adorais ce patronyme original et il n’a évidemment pas pu s’éteindre tout seul, vu le très grand nombre de "MATHEUF" à Égliseneuve-d’Entraigues et alentour au 19ème siècle.

L’étymologie, est, je pense (sans preuve aucune) : "Mathieu-Fils".

Toutefois, je pense savoir pourquoi ce patronyme a disparu.

J’ai en effet écrit, à mes tout débuts en généalogie, sans doute en 1988, à la mairie d’Égliseneuve-d’Entraigues pour avoir la photocopie de l’acte de naissance de ma trisaïeule Antoinette LENÈGRE, future épouse Jean CATHIGNOL, y née le 18 mai 1813, fille de Jacques et de Catherine MATHEUF.

Or j’ai reçu, non pas la photocopie de l’acte (en général, à cette époque, les mairies envoyaient les photocopies à 95%), mais une espèce de fiche individuelle d’état civil, complétée, donc.

Et il était écrit dessus : « fille de Jacques et de… Catherine MATHIEU !! »

Ahurissant ! L

Plus tard, j’ai pu avoir la photocopie, et j’ai vu que le maire ou la secrétaire de mairie de l’époque avait délibérément faussé le patronyme "MATHEUF", très lisible, en MATHIEU !!

Je pense donc qu’il y a dû y avoir un quelconque arrêté municipal ou préfectoral pour faire remplacer ce si joli nom auvergnat en le plus classique et sans intérêt "MATHIEU". Je ne vois pas d’autre explication, d‘autant plus que c‘est en région parisienne (un comble !) que ce patronyme auvergnat a pu tenir au-delà de 1900 ! L

À noter que, à Bagnols, il y avait des "MADEUF", même étymologie, mais encore plus déformée. Et à peu près même fréquence que les "MATHEUF" d’Égliseneuve-d’Entraigues. Eh bien, là, le patronyme a survécu, et sans aucun problème bien sûr, comme tout patronyme qui se respecte, suffisamment fréquent bien sûr.

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10) Un étonnant remariage à Égliseneuve-d’Entraigues

Toujours en 1988, j’ai trouvé le mariage de mes ancêtres numéros 138 et 139, Jean GAYME et… Madeleine MATHEUF ! J

Il eut lieu le mardi 4 août 1744 à Égliseneuve-d’Entraigues. En cherchant un à un leurs enfants, je tombe alors sur un mariage ahurissant !

Il eut lieu le VENDREDI 25 octobre 1748, et unissait Jean GAYME et… Madeleine MATHEUF ! L

J’ai lu le texte du curé et j’ai appris qu’on avait découvert, après coup, que ce mariage n’était pas licite vu qu’on avait découvert un vague lien de parenté entre les époux. Une demande de dispense avait donc été envoyée à l’évêque local, qui, bien sûr, avait accepté que ce mariage fût refait. Plus de quatre ans après, donc !

Je me souviens avoir raconté cette anecdote à l’aînée de mes sœurs, qui m’avait alors dit, l’air inquiet :

« Mais qu’a-t-on fait des enfants nés entre-temps ? »

Sur quoi je lui ai répondu, d'un air sévère J :

« On a décidé de les laisser vivre quand même ! » !

Mort de rire, comme disent les jeunes, mais, sans vouloir offenser ma sœur, qui peut-être me lira et m’écrira un jour, quelle question, quand même ! J

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Pierre-Antoine CATHIGNOL, né au Mans le 3 décembre 1949

contact : cathignol@laposte.net

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Édition du jeudi 5 novembre 2015 à 11h39

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Édition du mercredi 2 septembre 2015 à 14h02

 

 

 

 


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